Iphigénie à Splott au Théâtre de Liège

Iphigénie à Splott – Une tragédie moderne au Théâtre de Liège

Sur un plateau dépouillé, une seule voix résonne : celle d’Effie, jeune femme de Splott, quartier oublié de Cardiff. Entre rage et désespoir, elle nous livre un cri d’humanité aussi bouleversant qu’universel.

Effie, héroïne moderne : la tragédie sociale selon Gary Owen

Effie habite à Splott, un quartier de Cardiff rongé par le chômage et les désillusions. C’est le genre de fille qu’on évite de croiser, persuadé qu’elle pourrait exploser à tout moment. Rebelle, excessive, rongée par la colère et l’alcool, Effie semble avoir tout perdu… jusqu’au jour où la vie lui offre une chance de tout changer.
Mais dans un monde où la précarité dicte sa loi, les miracles ont souvent un prix.

En revisitant le mythe d’Iphigénie, Gary Owen transpose la tragédie grecque au XXIᵉ siècle. Agamemnon devait sacrifier sa fille pour apaiser les dieux ; Effie, elle, est sacrifiée sur l’autel de l’austérité et de l’indifférence sociale.
À travers cette héroïne des temps modernes, l’auteur gallois signe une fable sociale puissante, où la poésie se mêle à la brutalité du réel.

Un choc théâtral, salué par la critique

Acclamée au Royaume-Uni comme sur les scènes européennes, Iphigénie à Splott a bouleversé le public et la presse.
Les critiques parlent d’un texte coup de poing, « aussi percutant qu’un uppercut en pleine conscience », qui dénonce les ravages d’une société inégalitaire sans jamais sombrer dans le pathos.
Le monologue d’Effie, tenu seul en scène, est salué pour sa force brute et sa simplicité magnétique : un théâtre de la vérité, dépouillé de tout artifice.
Les performances de l’interprète, Gwendoline Gauthier dans la version liégeoise, rappellent celles qui ont marqué la scène britannique : une intensité rare, une présence vibrante capable d’incarner la rage, la tendresse et la fragilité dans un même souffle.

Entre tragédie antique et révolte contemporaine

On retrouve dans Iphigénie à Splott la fibre sociale d’un Ken Loach, la tension dramatique d’un Danny Boyle, et une énergie scénique qui laisse sans voix.

Ce théâtre-là n’est pas seulement un spectacle : c’est une claque émotionnelle et politique, une invitation à regarder en face celles et ceux qu’on préfère ignorer.

Sur un plateau nu, ceint d’un ruban lumineux, entourée de trois musiciens, Effie (interprétée par Gwendoline Gauthier) fait exploser la scène du Théâtre de Liège.
Sa parole, tour à tour furieuse, drôle et bouleversante, résonne longtemps après les dernières notes.