Jusqu’à la moelle, l’exploitation industrielle des ossements humains

« Jusqu’à la moelle » : quand les morts nourrissaient les vivants

Une enquête inédite sur le commerce oublié des ossements humains

Au croisement de l’histoire militaire, industrielle et anthropologique, le livre « Jusqu’à la moelle. L’exploitation industrielle des ossements humains à l’époque contemporaine » jette une lumière crue sur un sujet longtemps relégué dans les marges de la mémoire collective. Signée par les historiens Bernard Wilkin et Robin Schäfer, cette enquête rigoureuse nous entraîne dans les coulisses d’un commerce aussi macabre que méconnu : celui des os humains.

Des morts utiles : le paradoxe du progrès scientifique

Au début du XIXᵉ siècle, l’os devient une matière première stratégique. Riche en phosphates, il est convoité par l’agriculture en pleine mutation, et par l’industrie sucrière qui l’utilise sous forme de charbon d’os pour purifier le sirop de betterave. Cette demande nouvelle va déclencher une ruée morbide : les cimetières sont pillés, les champs de bataille fouillés, les dépouilles humaines transformées en ressources exploitables.

C’est l’ère où les morts de Waterloo, de la guerre de Sécession, ou même des tranchées de 14–18, ne reposent pas en paix, mais circulent à travers l’Europe ou l’Atlantique, dans des sacs de jute, à destination des moulins et des usines.

Une mémoire effacée

Ce commerce, pourtant bien connu de ses contemporains, a disparu des mémoires. Comme si, un siècle plus tard, on avait préféré l’oubli à l’indignation. Les auteurs documentent cette amnésie collective, mettant en lumière les mécanismes sociaux et économiques qui ont permis de faire silence sur une pratique pourtant massive et transnationale.

L’étude couvre une vaste zone géographique — France, Belgique, Grande-Bretagne, Allemagne, Autriche, Algérie, États-Unis — et mobilise une impressionnante diversité de sources : rapports d’archives, presse ancienne, documentation industrielle. Elle constitue une première mondiale sur cette thématique, combinant érudition et accessibilité.

Les auteurs : deux passionnés d’histoire et de vérité

Bernard Wilkin, chercheur aux Archives de l’État en Belgique et membre de la Royal Historical Society, est déjà connu pour ses travaux sur les corps des soldats de Waterloo. Robin Schäfer, chercheur indépendant allemand, collabore avec lui depuis plusieurs années. Ensemble, ils signent ici un ouvrage dérangeant, mais salutaire.

« On pensait que les restes des braves tombés sur les champs de bataille étaient traités avec considération […] On découvre qu’ils ont en réalité été utilisés pour enrichir les marchands », écrit Charles Bonaparte dans sa préface. C’est à ce « voyage des morts de Waterloo », et bien au-delà, que nous invitent les deux historiens.

 

🔍 À lire pour :

  • Découvrir un pan oublié de l’histoire contemporaine

  • Interroger le rapport entre mémoire, économie et corps humains

  • Comprendre comment le progrès scientifique a pu engendrer une exploitation invisible, mais massive des morts

Jusqu’à la moelle
L’exploitation industrielle de

Jusqu’à la moelle

L’exploitation industrielle des ossements humains

Altura Editions

Format : 17 cm x 24 cm
Pages :  240
Prix : 25 euros
ISBN : 978-2-931190-22-7

Disponible dans toutes les bonnes librairies


« Jusqu’à la moelle » – Un livre de Bernard Wilkin et Robin Schäfer