Huis clos explosif : Le Prénom s’invite au Théâtre Arlequin à Liège
Un dîner, un prénom, et tout bascule : avec Le Prénom de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, le Théâtre Arlequin livre une comédie aussi hilarante que grinçante, où l’on rit beaucoup… avant de se reconnaître un peu trop dans le miroir qu’elle tend.
Le Prénom : une comédie culte qui fait rire… et grincer des dents à Liège
Il suffit parfois d’un détail anodin pour faire vaciller l’équilibre d’un repas entre amis. Dans Le Prénom, ce détail a un poids symbolique : le choix d’un prénom pour un enfant à naître. Prétexte à une joute verbale endiablée, il devient le détonateur d’une cascade de révélations et de règlements de comptes, au grand bonheur du spectateur.
Sous la direction de Vincent Goffin, la mise en scène choisit la sobriété et l’efficacité. L’action se concentre sur les personnages, leurs paroles et leurs gestes, dans une dynamique qui laisse toute sa place à la vivacité du texte. La scénographie d’Emma Dessard, élégante et fonctionnelle, installe le spectateur dans l’intimité d’un salon contemporain où l’on croit presque sentir l’odeur du dîner prêt à être servi.
La distribution est un autre atout majeur : Pierre Ligot, Vincent Marganne, Jean-Louis Maréchal, Delphine Dessambre et Camille Fernandez composent un quintette énergique et complice. Leur jeu donne chair à des personnages hauts en couleur, tour à tour drôles, agaçants, touchants — chacun devenant le miroir d’une figure familière de nos propres cercles amicaux ou familiaux.
On retrouve ce qui a fait le succès de la pièce depuis sa création : des dialogues incisifs, drôles et vifs, qui fusent comme des balles de ping-pong. L’humour naît de la précision des réparties, des piques savamment dosées, mais aussi de la complicité évidente entre les comédiens.
Si le rire domine, il cache une profondeur plus sourde. Car derrière la légèreté apparente, Le Prénom expose les failles d’une famille élargie, entre jalousies, blessures enfouies et vérités longtemps tues. La pièce amuse autant qu’elle dérange : on rit, puis on se surprend à ressentir un léger malaise face à la cruauté de certaines confidences. C’est dans cet équilibre entre comédie et drame que réside sa force.
Pourquoi la pièce touche-t-elle encore aujourd’hui ? Parce qu’elle est profondément identifiable. Qui n’a jamais assisté à un repas de famille où une remarque, en apparence banale, met le feu aux poudres ? Ici, le choix d’un prénom agit comme révélateur : sous l’anecdote, c’est le miroir de nos propres dynamiques familiales et amicales qui se déploie. Et l’on sort du théâtre avec la sensation d’avoir ri de bon cœur… mais aussi d’avoir été subtilement ébranlé.
En résumé, avec la reprise du Prénom, le Théâtre Arlequin réussit son pari : faire revivre une comédie devenue culte en préservant ce qui fait son sel — un texte vif, des personnages justes, et ce mélange rare d’hilarité et de malaise qui pousse à réfléchir autant qu’à sourire.
Informations pratiques
📍 Théâtre Arlequin – Liège
🎭 Le Prénom de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière
Mise en scène : Vincent Goffin
Scénographie : Emma Dessard
Avec : Pierre Ligot, Vincent Marganne, Jean-Louis Maréchal, Delphine Dessambre, Camille Fernandez
📅 Représentations
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Octobre 2025 : les 10, 11, 16, 18, 24, 25 et 31 à 20h30 / les dimanches 12, 19 et 26 à 15h
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Novembre 2025 : les 1, 7, 8, 14, 15, 21 et 28 à 20h30 / les dimanches 2, 9, 16 et 23 à 15h


