Six Vénus aux bras retrouvés : quand l’art contemporain prend de la hauteur à Liège
Depuis le 12 mai, le toit du nouveau bâtiment d’Ethias aux « Rives Ardentes », à Liège, accueille une œuvre artistique aussi inattendue que percutante : « La Beauté et le Geste » de l’artiste français Laurent Perbos. Une série de six sculptures monumentales qui revisitent la mythique Vénus de Milo… en baskets, bras levés, et esprit olympique en bandoulière.
Colorées, puissantes et expressives, ces déesses contemporaines s’inscrivent à la croisée des chemins entre héritage antique, culture pop et engagement citoyen. Le tout dans un cadre urbain en pleine transformation, symbole d’un Liège qui regarde vers demain.
Une icône antique, réinventée pour l’époque moderne
C’est une Vénus que vous n’avez jamais vue. Elle est toujours belle, toujours sculpturale, mais cette fois, elle a retrouvé ses bras. Et avec eux, six gestes évocateurs : ceux du tennis, du surf, du tir à l’arc, du basketball, de la boxe et du lancer de javelot.
Chaque figure incarne une discipline olympique ou paralympique, tout en célébrant le mouvement, l’effort, le dépassement. Une manière de remettre au goût du jour l’idée même de beauté, désormais inclusive, active, multiple.
Ce goût du détournement formel et de la mise en tension entre tradition et modernité est une constante dans l’œuvre de Laurent Perbos. Né en 1971 à Bordeaux et diplômé des Beaux-Arts en 1997, l’artiste développe depuis plus de vingt ans une pratique singulière mêlant sculpture, installation et intervention dans l’espace public. Il détourne des objets du quotidien, ballons, agrès sportifs, mobilier urbain pour interroger notre rapport au jeu, au sport, à la norme et à l’esthétique.
De Paris à Liège, un parcours chargé de symboles
Commandées dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, ces sculptures ont d’abord été exposées sur les marches de l’Assemblée Nationale, face à la Seine, durant l’été olympique.
À présent, elles poursuivent leur route et c’est à Liège, ville de collectionneurs et de bâtisseurs, qu’elles trouvent un nouveau point d’ancrage.
Leur installation sur la toiture végétalisée du nouveau siège d’Ethias, à Rives Ardentes, a été choisie avec soin par Laurent Perbos lui-même. L’artiste y voit un terrain de jeu symbolique : un lieu d’élévation, de respiration, au cœur d’un quartier en mutation.
Quand art, architecture et territoire dialoguent
Aux Rives Ardentes, l’art ne s’accroche pas aux murs : il s’élève. Les six Vénus trônent au sommet du bâtiment d’Ethias, dominant la darse et ouvrant un dialogue silencieux avec l’espace urbain environnant.
Ce positionnement fort illustre une volonté de faire sortir l’art des galeries, pour le rendre visible, accessible, presque tactile.
Derrière cette mise en scène ambitieuse se trouve Stéphan Uhoda, collectionneur liégeois passionné, grand défenseur du lien entre création contemporaine et ville habitée. C’est lui qui a rendu ce prêt possible, pour une durée de deux mois, accompagnant ainsi les premiers pas d’Ethias dans un engagement culturel affirmé.
Le tram comme fil d’Ariane vers les Vénus ?
Et si c’était l’occasion de (re)découvrir un quartier en pleine renaissance ?
Pour voir les six Vénus de Laurent Perbos de près, rien de plus simple : il suffit de monter dans la toute nouvelle ligne du tram de Liège et de descendre à son terminus, à Coronmeuse.
Quelques pas à peine, et vous voilà à Rives Ardentes, près d’une darse fluviale revisitée, architecture durable et une vision urbaine nouvelle.
En levant les yeux, vous apercevrez les silhouettes colorées de ces Vénus modernes. Six gestes suspendus entre ciel et terre, entre mémoire et mouvement.
Un beau geste, à saluer et à aller découvrir.






