Boiseries, tapisseries et chef-d’œuvre de Coclers : la renaissance intérieure du Musée d’Ansembourg à Liège
Après la rénovation de la toiture, des façades et l’aménagement de la nouvelle extension, la restauration du Musée d’Ansembourg entre dans sa troisième phase. Place désormais à la renaissance des décors intérieurs, à la redécouverte des boiseries, peintures et tapisseries, et à la création d’une muséographie immersive dédiée à l’art de vivre liégeois du XVIIIe siècle.
Troisième phase du chantier — la restauration des décors intérieurs et la renaissance muséographique
L’éclat retrouvé des intérieurs historiques
Véritable écrin du goût et du raffinement liégeois, l’Hôtel d’Ansembourg s’apprête à vivre l’une des étapes les plus délicates et passionnantes de son chantier.
Cette troisième phase de restauration portera sur les décors intérieurs d’origine : boiseries, lambris, ferronneries, peintures anciennes, tapisseries et tentures de cuir de style cordouan.
Autant d’éléments réalisés par les plus grands artisans du XVIIIe siècle et demeurés étonnamment intacts, mais fragilisés par le temps.
Ces trésors feront l’objet d’une restauration méticuleuse, menée dans le respect des techniques historiques, afin de redonner à chaque pièce son éclat d’antan.
Cette étape, aussi complexe qu’essentielle, n’aurait pu être envisagée sans les deux premières phases du chantier, qui ont permis de doter le bâtiment des infrastructures nécessaires à la conservation optimale des œuvres : sécurité, isolation, ventilation et prévention incendie.
Le cas exceptionnel du plafond du salon Willems
Lors de la phase préparatoire, un événement est venu rappeler la fragilité du patrimoine : en août 2024, une partie de la peinture du plafond du salon Willems s’est détachée, nécessitant une intervention d’urgence.
Ce chef-d’œuvre signé Jean-Baptiste Coclers (1741), intitulé La Vertu magnifiée par le Temps, représente l’un des joyaux du décor intérieur. Il a depuis été stabilisé et protégé à l’aide de papier japon et d’un étançonnement.
Une étude approfondie est actuellement menée pour garantir une restauration complète et durable du plafond.
L’Agence wallonne du Patrimoine (AWaP) a d’ailleurs préconisé que les travaux de stabilisation et de restauration soient confiés à un seul et même intervenant, afin d’assurer la cohérence et la qualité de l’opération.
Jean-Baptiste Coclers, peintre liégeois au destin romanesque
Peintre d’histoire, portraitiste et décorateur, Jean-Baptiste Coclers (1696-1772) fut une figure majeure du XVIIIe siècle liégeois.
Formé entre Maastricht, Rome et Liège, il transmit son savoir à une lignée d’artistes : cinq de ses quinze enfants devinrent peintres à leur tour.
Mais l’homme avait aussi le sang chaud : en 1765, il tua un artilleur en duel avant de fuir la principauté, condamné à mort par contumace.
Ses œuvres ornent encore aujourd’hui plusieurs demeures liégeoises, dont la Maison Pirenne, place Coronmeuse.
La muséographie, ou l’art de raconter un lieu
Dernier grand volet de cette métamorphose, la nouvelle muséographie de l’Hôtel d’Ansembourg est actuellement en cours d’élaboration.
Commandée en 2024, elle est conçue en étroite collaboration entre le maître d’ouvrage, les conservateurs du Grand Curtius et le scénographe.
Cette réflexion vise à faire revivre l’atmosphère d’un hôtel particulier du XVIIIe siècle, en s’appuyant à la fois sur les décors d’origine et sur les riches collections du Grand Curtius : mobilier, céramiques, argenterie, horloges, tableaux…
Chaque salle évoquera un thème spécifique de l’art de vivre liégeois — réception, musique, repas, repos —, plongeant le visiteur dans un intérieur d’époque reconstitué avec justesse.
Un parcours immersif et multilingue (en quatre langues) sera proposé grâce à des audioguides qui feront revivre le quotidien de la famille Willems et de leur entourage : parents, amis, domestiques…
Le public sera ainsi invité à découvrir le musée comme une maison habitée, vivante, vibrante d’histoires.
Vers une redécouverte complète
À l’issue de cette troisième phase, le Musée d’Ansembourg offrira une expérience inédite, où le patrimoine dialoguera avec la modernité.
L’hôtel retrouvera son lustre et son âme, et ses collections — symboles du raffinement et du savoir-faire liégeois — seront présentées dans un cadre repensé, à la fois fidèle et contemporain.
Sous les dorures et les boiseries ressuscitées, c’est tout un pan de l’histoire liégeoise qui s’apprête à reprendre vie.







