Nicolas Defrecheux, deux siècles de poésie wallonne

Ce 10 février 2025, il y a deux cents ans, jour pour jour, que naissait dans une maison modeste de la rue Saint-Léonard à Liège, Nicolas Defrecheux. Sur la façade de cette maison est apposée une plaque commémorative, une œuvre d’Auguste Donnay, grande figure liégeoise de l’art.

À une centaine de mètres de sa maison natale, derrière l’église Sainte-Foy, une petite rue rend aussi hommage à Nicolas Defrecheux, auteur emblématique de la littérature en langue wallonne.

Un poète du peuple, une voix du wallon

Rien ne prédestinait Nicolas Defrecheux à une carrière littéraire. Issu d’un milieu modeste, il reçoit une bonne instruction, mais doit rapidement quitter ses études suite au décès de son père. Il exerce plusieurs métiers avant de devenir boulanger, tout en gardant une passion pour l’écriture.

C’est en 1854 qu’il publie dans le Journal de Liège une complainte qui va bouleverser son destin : « Leyî-m’ plorer ». Ce poème en wallon, mis en musique et diffusé sous forme de feuillets volants, devient un succès immense. Il exprime, avec une poignante simplicité, la douleur d’un homme face à la perte de son amour. Avec cette œuvre, Defrecheux apporte au wallon une dimension lyrique et universelle qui émancipe la langue de son caractère populaire et oral.

Un pionnier de la littérature wallonne

Bien loin d’être un auteur d’un seul succès, Defrecheux enchaîne les écrits et contribue activement à la promotion du wallon comme langue de culture. Son cråmignon : « L’avez-v’vèyou passer ? », couronné en 1856 par la Société philanthropique des Vrais Liégeois, lui assure une réputation durable. Il devient un acteur majeur du mouvement littéraire wallon et participe à la création de la Société liégeoise de Littérature wallonne.

Ses textes, empreints de sensibilité et d’une maîtrise rare de la langue wallonne, font de lui un modèle pour les générations suivantes. Collaborateur de l’Almanach de Mathieu Laensbergh et du Dictionnaire des spots et proverbes wallons de Joseph Dejardin, il contribue à structurer et valoriser le patrimoine linguistique régional.

Un patrimoine linguistique en danger, mais vivant

Si la langue wallonne a vu son usage reculer au fil du temps, elle reste un trésor culturel que beaucoup s’emploient à sauvegarder et à promouvoir. Les écrivains, artistes et passionnés qui la font vivre aujourd’hui sont les héritiers de Defrecheux. Les initiatives locales, les publications, les concours littéraires en wallon et les institutions comme la Bibliothèque des Dialectes de Wallonie participent à sa pérennité.

En célébrant le bicentenaire de la naissance de Nicolas Defrecheux, nous rendons hommage à un homme qui a su donner ses lettres de noblesse à la littérature wallonne. Son œuvre nous rappelle que le wallon n’est pas seulement une langue du passé, mais une langue vivante, riche et capable d’exprimer toutes les nuances de l’âme humaine.

Aujourd’hui encore, il nous appartient de la faire résonner et de la transmettre aux générations futures.

Nicolas Defrecheux par Adrien de Witte – 1877

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