« Ardeurs de tram » : 23 nouvelles pour accompagner le retour du tram à Liège
Liège et son tram, voilà un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre… et un peu de sueur aussi. Des années de travaux, de plans chamboulés, de barrières qui jouent à cache-cache avec les piétons. Mais cette fois, c’est la littérature qui prend le relais avec Ardeurs de tram : un recueil où 23 auteurs liégeois font enfin circuler… des histoires, de station en station.
Un projet né sur les rails de l’imagination
L’idée est venue à Guy Delhasse, écrivain liégeois et infatigable défricheur de plumes locales, en observant ces voyageurs hypnotisés par leurs écrans pendant un trajet en train. Et s’il existait un moyen de lire autrement, d’habiter la ville par les mots, de faire de ce tram tant attendu un fil narratif ? Il a alors lancé un appel à textes à une trentaine d’écrivain·es de la Cité ardente. Résultat : 23 ont embarqué dans cette aventure, chacun et chacune avec une station du futur tram pour point de départ littéraire.
Une ville, une ligne, 23 histoires
De Sclessin à Coronmeuse, chaque station devient le décor, le prétexte ou le cœur battant d’une nouvelle. Les auteurs n’ont pas choisi leur arrêt : on leur a imposé un quartier, parfois familier, parfois inconnu, à explorer à l’aveugle — ou plutôt, à l’encre. Le tout, sans jamais avoir mis les pieds dans le tram, encore à l’arrêt au moment de l’écriture.
On obtient ainsi un drôle de recueil où l’imagination devance les rames, où l’écriture trace des itinéraires alternatifs à ceux du béton armé. Des récits pleins de fantaisie, de mémoire, de critique parfois, mais surtout de tendresse pour une ville en perpétuelle mue.
Les plumes liégeoises en vadrouille
Parmi les auteur·es embarqué·es : Christiana Moreau, qui ouvre le recueil à la station Standard dans une envolée poétique où le tram glisse « comme un cygne sur la Meuse ». Dominique Warfa, lui, imagine un terminus post-apocalyptique à Coronmeuse, peuplé de tribus qui questionnent les ruines de notre modernité. Bernadette De Rache, à Curtius, raconte comment une poussière, petite, mais tenace, peut gripper toute une machine urbaine… Comme un clin d’œil aux années de travaux que les Liégeois n’oublieront pas de sitôt.
À leurs côtés, on retrouve des noms bien connus de la scène littéraire liégeoise : Bernard Gheur, Laurent Demoulin, Karel Logist, Philippe Raxhon, pour ne citer qu’eux. Chacun y va de sa voix, de son style, de sa manière de réinventer Liège, quartier par quartier.
Lire entre deux stations
Pensé comme un compagnon de voyage urbain, Ardeurs de tram propose des textes courts, à lire en quelques minutes — le temps de passer d’une station à l’autre. L’idée : offrir aux futurs usagers une alternative vivante, locale et littéraire à la distraction numérique. Une façon de (re)découvrir la ville non plus seulement par ses rues, mais par les récits qu’elle inspire.
En préface du recueil, Armel Job résume l’esprit du projet avec humour :
« Désormais, pour ménager mes mollets, je prendrai le nouveau tram… J’y serai en compagnie des excellents écrivains liégeois, que Guy Delhasse, l’expert wattman aux commandes du présent ouvrage, embarquera de station en station. »
Une contribution à l’imaginaire urbain
Sous ses dehors légers, Ardeurs de tram pose une vraie question : que reste-t-il de la ville si l’on cesse de la raconter ? Ces 23 nouvelles, toutes différentes, toutes enracinées dans la même ligne de tram, proposent une cartographie subjective de Liège, faite de souvenirs, d’élans et d’inquiétudes.
Le tram, longtemps source d’agacement, devient ici un prétexte poétique, une excuse pour inventer, un vecteur d’histoires. Et qui sait, peut-être qu’entre deux arrêts, un voyageur posera son téléphone, ouvrira ce livre et laissera la ville lui parler autrement.
« Ardeurs de tram »
Recueil collectif coordonné par Guy Delhasse
23 nouvelles – 23 auteur·es liégeois·es – 23 stations
Éditions Murmure des Soirs – Parution le 27 mai 2025