Les trésors d’orfèvrerie de la chapelle Saint-Augustin de Bavière au Grand Curtius
Lors d’une récente visite au Musée du Grand Curtius à Liège, mon attention s’est portée sur une vitrine particulièrement riche en objets d’orfèvrerie. Située au Département d’Art religieux et d’Art mosan, cette présentation révèle une partie des trésors de la chapelle Saint-Augustin de Bavière, aujourd’hui en cours de restauration.
Ces objets religieux, issus de la chapelle d’un ancien hôpital liégeois, témoignent de l’excellence des orfèvres liégeois et de la dévotion qui marquait la vie spirituelle des Augustines de Bavière. La vitrine expose des garnitures et accessoires qui ont orné le maître-autel de la chapelle entre le XVIIe et le XVIIIe siècle.
Les garnitures d’autel : un ensemble unique
Commandées entre 1766 et 1776 par la communauté des Sœurs Augustines, les garnitures en argent du maître-autel constituent un exemple remarquable d’orfèvrerie liégeoise. Elles comprennent :
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La plaque centrale ornée de l’œil de Jéhovah (1776) :
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Réalisée par Gilles-Nicolas Dupont, cette pièce majeure illustre la symbolique trinitaire à travers un motif rayonnant ciselé.
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Quatre plaques décoratives :
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Chacune porte des motifs baroques et floraux, évoquant l’élégance et la richesse des autels du XVIIIe siècle.
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Une paire de lambrequins :
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Ces éléments suspendus en argent ajouré encadraient la partie supérieure de l’autel.
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Une paire de moulures et le pourtour du tabernacle :
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Ces pièces, également de Gilles-Nicolas Dupont, mettent en valeur le tabernacle en jouant sur les contrastes entre surfaces polies et ciselées.
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Ces garnitures, conçues pour rehausser l’éclat du maître-autel baroque de 1702, reflètent la sophistication du style artistique de leur époque et l’importance accordée à l’esthétique liturgique.
Les accessoires liturgiques d’orfèvrerie
Outre les garnitures d’autel, la vitrine regroupe un ensemble d’objets utilisés lors des cérémonies religieuses. Chaque pièce témoigne de l’habileté des artisans liégeois et du soin apporté à la liturgie :
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Une grande croix d’autel (1761) :
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Cette croix imposante, en argent massif, est ornée de gravures délicates sur son socle et ses bras.
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Une couronne d’autel (1707/1706) :
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Rehaussée de motifs gravés, elle est supportée par deux anges en bois sculptés.
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Un Thabor (1727/1728) :
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Réalisé par Louis Timmerman, ce piédestal, destiné à l’ostensoir exposant l’hostie consacrée, est décoré de volutes et de motifs floraux.
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Chandeliers (1667/1668 et 1723/1724) :
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Les premiers, exécutés par Jean Goesin dit Le Vieux, se distinguent par leur base triangulaire sculptée. Les seconds, plus sobres, datent du XVIIIe siècle.
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Un ostensoir-soleil (1667/1668) :
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Cette pièce rayonnante, typique des objets eucharistiques, se caractérise par une finition dorée et des motifs représentant des rayons de lumière.
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Deux bustes-reliquaires (Saint-Lambert et Saint-Augustin, 1760) :
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Sculptés avec un réalisme saisissant, ces bustes en argent repoussé abritent les reliques des saints.
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Les particularités et techniques d’orfèvrerie
Certaines pièces portent les armoiries ou inscriptions identifiant leurs donateurs, une pratique courante pour honorer leurs contributions. Les techniques utilisées incluent le martelage, le repoussé, la gravure et le polissage, caractéristiques de l’orfèvrerie liégeoise des XVIIe et XVIIIe siècles. Ces objets se démarquent par leur finesse d’exécution et leur capacité à allier utilité liturgique et esthétique.
Contexte historique : la chapelle Saint-Augustin de Bavière
Ces objets sont indissociables de leur lieu d’origine, la chapelle de l’ancien hôpital de Bavière. Érigée en 1606, elle fut reconstruite en 1894 dans un style éclectique par Laurent Demany. L’édifice actuel conserve une nef unique, un mobilier baroque et un orgue remarquable datant de 1770.
La chapelle a joué un rôle central dans la vie spirituelle et hospitalière de Liège. Le romancier Georges Simenon y fut enfant de chœur au début du XXe siècle et les funérailles de sa mère y furent célébrées en 1970.
Dédiée initialement à Notre-Dame, elle devint un lieu emblématique pour les Sœurs Augustines de Bavière. Les objets aujourd’hui exposés au Musée Curtius retracent cette histoire à travers leur fonction et leur symbolisme.
Préservation et transmission
Les œuvres d’orfèvrerie de la chapelle ont été cédées au Musée Curtius par la Congrégation des Sœurs Augustines. Ce transfert permet de préserver ce patrimoine exceptionnel tout en le rendant accessible au public.
Installées dans une vitrine dédiée, ces pièces bénéficient d’un travail de conservation rigoureux mené par le Département d’Art religieux et d’Art mosan. Leur présentation met en lumière l’importance de l’orfèvrerie liégeoise dans le patrimoine religieux européen.
Conclusion
Les objets d’orfèvrerie de la chapelle Saint-Augustin de Bavière, exposés au Musée Curtius, incarnent un héritage artistique et spirituel d’une grande richesse. En attendant la fin des travaux de restauration de la chapelle, cette vitrine constitue une occasion unique de découvrir des trésors qui racontent l’histoire de Liège et de son Patrimoine religieux.
Nous tenons tout particulièrement à remercier Madame Christelle Schoonbroodt, Conservatrice au Département d’Art religieux et d’Art mosan du Grand Curtius, pour ses précieuses informations à propos de cette vitrine consacrée à l’Autel de la chapelle des Sœurs Augustines de Bavière.