La petite histoire du zouave d’Outremeuse

Je vais vous raconter la petite histoire de la statue du « zouave » située rue Surlet à Liège, un trésor méconnu qui orne discrètement la façade d’une maison modeste.

Ce « zouave » n’est pas une simple sculpture. Il s’agit d’une statue en terre cuite polychrome, datant de 1870, qui se dresse fièrement au numéro 15 de la rue Surlet. Cette maison, probablement en colombage et construite au XVIIIe siècle, abrite depuis plus d’un siècle cette figure emblématique du Second Empire.

L’histoire de cette statue est intimement liée à celle de son propriétaire, Henri Sauveur, un armurier de profession. En 1870, il acquiert cette œuvre à Huy, où elle a été fabriquée par la manufacture Geedts Frères. Fondée au XIXe siècle, Geedts Frères était réputée pour ses productions en terre cuite, souvent ornées d’un poinçon circulaire attestant de leur origine. Cette manufacture a contribué à de nombreuses œuvres d’art populaire, dont plusieurs sont conservées au Musée Communal de Huy.

Selon les actes notariés conservés aux Archives de l’État et les livres d’adresse Lasalle, Sauveur ramène le « zouave » sur son épaule depuis Huy jusqu’à Liège pour décorer la façade de son café, tenu peut-être par son épouse. La statue, haute de 1,28 m, porte fièrement le poinçon « Geedts Frères » sur son socle en terre cuite, confirmant son origine hutoise.

L’installation de ce « zouave » sur la façade de la maison de la rue Surlet dépasse le simple geste décoratif. On pense que Sauveur a voulu rendre hommage à la victoire des zouaves en Crimée en apposant cette statue sur sa maison, marquant ainsi son admiration pour ces soldats.

Mais l’histoire de cette statue est également marquée par la violence de la guerre. Durant la Première Guerre mondiale, les Allemands, trouvant la posture du zouave trop martiale, l’ont violemment endommagée. À coups de fusil, ils l’ont amputée de son bras gauche, ne laissant qu’une crosse de fusil ornée d’une baïonnette.

Aujourd’hui, malgré ses blessures, cette œuvre d’art populaire continue de veiller sur la rue Surlet, rappelant à ceux qui passent le courage et la résilience de ceux qui ont traversé les épreuves de l’Histoire. La statue du « zouave » reste un témoignage vibrant du patrimoine local, de l’artisanat hutois de Geedts Frères, et de l’art populaire à Liège.

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