🌧️ Vers un climat de plus en plus humide ? La Belgique face au défi des pluies extrêmes
En juillet 2021, la Belgique vivait l’un des pires drames climatiques de son histoire récente. Les inondations meurtrières qui ont ravagé la vallée de la Vesdre ne seraient peut-être pas un simple accident du climat… mais un avant-goût de notre avenir.
Une récente étude menée par des climatologues et hydrologues de l’Université de Liège et de l’Institut Royal Météorologique vient de tirer la sonnette d’alarme. Elle montre que, même dans les scénarios les plus optimistes de réchauffement climatique, les pluies extrêmes comme celles de l’été 2021 deviendront plus fréquentes, plus intenses… et plus dangereuses.
🔬 Des chercheurs liégeois au chevet du climat
Les scientifiques ont utilisé un modèle climatique régional haute définition, baptisé MAR, capable de simuler le climat belge à l’échelle de 5 km. Ce modèle permet de mieux anticiper les effets du réchauffement global sur les précipitations en Belgique, en combinant plusieurs scénarios d’émissions de gaz à effet de serre (des plus modérés aux plus critiques) jusqu’en 2100.
Pour affiner leurs résultats, les chercheurs ont aussi intégré des observations réelles issues des stations météo de l’Institut Royal Météorologique (IRM), une manière d’assurer une bonne fiabilité des projections.
📈 Que disent les résultats ?
Les conclusions sont préoccupantes, mais claires :
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+7 % d’intensité des pluies extrêmes par degré de réchauffement global : c’est une loi physique, connue sous le nom de Clausius-Clapeyron, qui explique qu’un air plus chaud contient plus d’humidité, donc plus de pluie.
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Une pluie aujourd’hui qualifiée de centennale, comme celle de juillet 2021, pourrait survenir tous les 20 ans dans certaines régions d’ici la fin du siècle.
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Les zones les plus menacées ? Les reliefs ardennais, notamment la vallée de la Vesdre et de la Semois, mais aussi la côte belge. D’ici 2100, ces zones pourraient recevoir jusqu’à 120 mm de pluie en une seule journée, tous les vingt ans.
🌍 Pourquoi ces changements ?
Deux mécanismes climatiques sont à l’œuvre :
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Un air plus chaud retient davantage de vapeur d’eau, ce qui rend les orages plus puissants.
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Le ralentissement du jet stream, un courant d’air rapide en haute altitude, favorise l’apparition de gouttes froides, des dépressions stagnantes responsables de pluies abondantes et durables.
Ces phénomènes sont déjà difficiles à modéliser précisément. Ce qui laisse penser que les prévisions actuelles pourraient même sous-estimer la réalité.
🏚️ L’exemple frappant de 2021 : un avant-goût de demain
Le 14 juillet 2021, 100 mm de pluie tombaient sur le bassin de la Vesdre en seulement 24 heures. Ce qui relevait à l’époque de l’exception pourrait bien devenir la norme dans un monde à +3°C. Même un scénario modéré comme celui des Accords de Paris (+1,5°C) rendrait ces événements beaucoup plus probables.
Selon Josip Brajkovic, auteur principal de l’étude, « il faut désormais intégrer cette réalité dans l’aménagement du territoire et la gestion des risques hydrologiques. »
🚧 Et maintenant ?
Cette étude ne mesure pas directement les risques d’inondation, mais elle fournit une base cruciale pour repenser nos villes, nos infrastructures et notre gestion de l’eau. En d’autres termes, adapter nos égouts, nos bassins d’orage et notre urbanisme n’est plus une option, mais une nécessité.
Ce qu’il faut retenir :
✅ +7 % d’intensité des pluies extrêmes par degré de réchauffement
✅ Les pluies exceptionnelles d’hier deviendront les pluies ordinaires de demain
✅ Les vallées ardennaises et la côte en première ligne
✅ Un urbanisme à adapter d’urgence
✅ Le climat change déjà : agissons sans attendre
